Archive | août, 2019
6 Août

Ouvrir la fenêtre, tu sais, celle qui s’ouvre encore avec la poignée.
Tourner et à chaque coup de main, sentir un peu plus l’air qui s’engouffre dans la voiture. T’es même tenté d’aller plus vite pour que ça te rentre un peu plus dedans.
Mais t’as peur de la vitesse alors tu te contenteras du mince filet qui vient ricocher sur ta joue. On dirait que l’air suit le mouvement de la musique à la radio.

Ça, tourner le volume plus fort, tu sais le faire et ça ne te fait pas peur. Et tu fixes l’horizon de la route interminable. Le bras qui sort de la portière et qui laisse ta main s’égarer à contre-courant.
C’est drôle cette sensation de pénétrer l’air comme ça, ça goûte l’interdit. Inspire, allez inspire plus fort pour te gorger de la soif des ailleurs qui n’ont pas de fin.

L’horizon comme un rire qui ne fini jamais. Sans essouffler, nappé de l’air qui rentre dans la bagnole.
Tu voudrais bien le sentir l’air sur la joue. Il sèche tout.
Ta liberté tu la prends ici. Mais elle semble parfois si inaccessible.
L’option kilomètrage illimité existe pourtant mais elle a une arrière-goût de « rendez-nous la voiture à la fin de votre parenthèse »
Puis toi, les parenthèses, t’as toujours rêvé qu’elles prennent plus de place dans les phrases que les phrases elles-mêmes. Qu’on passe du temps, là, dans les bras des instants suspendus parce que demain n’existera peut-être jamais.

Et que les belles phrases c’est pour les beaux parleurs. Tu vivrais de parenthèses, d’amour et d’eau fraîche.
Tu crois qu’ils te comprendraient?
Déjà qu’ils n’écrivent plus tant ailleurs que sur leur téléphone, pas sûr qu’ils penseraient en plus à y foutre des intermédiaires aux phrases directes et maladroites.
Les deux bras ouverts de cette ponctuation n’ont de sens que pour ceux qui préféreront toujours aller vivre autre chose qu ce que ce qu’il y a d’écrit sur la notice de l’existence. « Pensez à ajouter un plus tard et un un jour devant toutes les phrases qui finissent par un de vos rêves.  »

Plus tard c’est jamais.
Deux bras ouverts pour Demain qui se jette à corps perdu au travers de la vitre de la voiture bon marché qui fera autant de kilomètres qu’elle pourra.
Ils ne sont pas illimités, mais ce que tu peux faire avec, ça l’est.