Métamorphose un peu endeuillée.
Des pulls vides entrent dans ma maison.
Un morceau de toi ira jusque dans ces placards de l’autre bout du monde.
Ta maison n’existe plus et je n’ai plus que cette immense cathédrale vide au fond de moi, pour aller faire le deuil. Passer les étapes.
D’autres vont y vivre. Regarderont pas la fenêtre. En plein dans la cendre d’un rêve qui a pris fin il y a des années.
Et moi, moi qui avance tant bien que mal.
Avec des rames qui raclent le gravier.
L’air n’est plus vraiment statique. Il devient difficile d’y respirer, de s’y attacher, de comprendre pourquoi encore, il faut aller s’en inspirer.
Viking premier prix. Guerrier mort-né. Petite fille avortée.
Je n’arrive à rien quand je me colle une étiquette bon marché pour définir mes sentiments sans jamais en parler.
Il y a quelques jours, j’ai vu tes yeux dans d’autres yeux.
Aussi perdus. Aussi innocents.
Sourire de cette chance qui me flagelle. Te revoir un instant. Silence tout autour. Déglutir les larmes.
C’est quoi la famille? Tu sais que j’ai mal appris. Que je ne sais pas vraiment, au fond, comment on y habite.
Si je suis faite pour ça. Si j’ai les armes, les yeux, les rires.
Je voudrais tellement y arriver comme j’arrivais à le faire avec toi.
Alors je te parle, je t’implore, je te promets.
J’essaie de marchander avec ton fantôme.
Que tu me donnes autre chose que cette jambe de bois pour avancer.
Moi, qui ai toujours voulu courir.
Poser ce pied dans les fondations d’une vie comme je la voudrais.
Comme on marche sur les pleines lunes.
Que l’éclopée du genre humain, l’invalide des sentiments et l’estropiée de la famille fasse ce putain de premier pas.
Sans fermer les yeux.