Archive | octobre, 2020
28 Oct

Inspire. 
Devant la ligne d’arrivée. Qui laisse défiler derrière elle un horizon infini, impalpable. Le parfum de printemps alors que les feuilles se séparent du bois, échouent sur le sol. Ta foulée piétine l’automne, le passé, les échecs, les cris, les larmes, les incompréhensions, les refus, les doutes, les peurs. La peur. 
Inspire. 
C’est encore loin l’horizon. Mais que ce ciel frangrancé est magnifique. Qu’il est éloquent. Il frappe fort du poing sur la table, fait jaillir les arcs de la terre au ciel, les flammes se figent, cristallisées et spectatrices de l’ascension.
Inspire. L’everest est encore loin mais l’altitude est grisante. Ivre de respirer les poumons nus, la page blanche, la couverture du nouveau livre. les poings serrés. 
Inspire comme si tu expirais tout ce qui a été gardé, les non-dits, les silences, les verres du passé enchaînés pour se donner la contenance qu’on ne savait pas avoir autrement. Presser sur les vices pour en faire sortir le venin. Les lignes blanches sur les tables basses, les pilules au coin de la rue, les autres, les nuits blanches. Les matins sombres. Silence. L’air est entré par tous les côtés, il fulmine. Il est prêt. 
Inspire mon grand, tu vas éclore, et tu regarderas cet escalier bon marché, avec des marches manquantes, pas de rampe, des retours en arrière, jamais le bon étage. Comme un souvenir. 
Le parfum du bois d’une vieille maison que l’on quitte. Le dernier regard, qui remercie chaque ombre, chaque trou dans le mur, chaque craquèlement du bois sous ton pas trop lourd. Chaque souvenir terré. Emmuré. Charismatique. Arrogant. Effrayé. Amoureux.
La croix, cette croix imposante, tu la laisses ici.
Les stigmates resteront comme un tatouage précieux du chemin parcouru.
Inspire et embrasse-les. 
La porte se referme. La vieille maison s’éloigne et devient un point, au loin.
La lignée d’arrivée au fond, c’était réussir à en sortir. 
Maintenant, l’horizon est devant toi. Les chemins se multiplient, se reproduisent, mais tous sont lumineux. 
La clé qui a fermé la porte, tu la tatoueras sur ton bras pour te souvenir qu’il faut parfois savoir fermer des portes pour en ouvrir d’autres. 
Expire. Le long des chemins possibles, tracer une marelle à la craie. Jouer à toucher le ciel dans toutes les directions.Inspire. Expire.
À 3, on y va.

15 Oct

Miroir mon beau miroir, dis-moi quand vais-je aimer
Miroir, putain de miroir, l’image dans le reflet.
Miroir mon beau miroir, j’ai changé de décor.
Miroir putain de miroir, transforme le plomb en or. 

Je porte sur mes épaules des sacs pleins de silence, j’ai beau ouvrir la gueule aucun son n’en ressort.
Et j’aimerais savoir plus que tout dans ce monde, qu’est-ce qu’elles ont à dire ces tripes pleines de pénombre.
Qu’est-ce qui appuie dans le coeur à cette place si particulière.
De quelle matière première j’ai été recouvert. 
Lourd, hésitant, triste et maladroit…
Est-ce que tu crois que c’était juste Cha?
Je l’ai eu sur ma peau pendant toutes ces années, et alors que je vois approcher la fin de ce grand livre, j’ai l’envers de mon coeur qui hurle des sensations incompréhensibles. 
En vérité je ne sais pas quoi dire, depuis plusieurs semaines, comme si j’avais mué dans le silence, comme si je faisais mes armes sans bruissements et sans en comprendre la cadence. 
Demain c’est 26 jours avant l’autre côté. 
C’est comme si il était déjà là, sous la peau, emmuré. 
Il essaie de parler mais n’a rien à me dire. 
Il essaie d’exister, mais Cha refuse de partir. 
Décalage terrifiant entre toutes mes facettes, le plomb gicle de partout pendant des heures. Mais rien ne s’arrête. 
Je ne sais plus qui je suis, m’enferme, manque de clarté.
Sur le fuseau horaire entre hier et demain. Funambule sans identité.  Errant et fatigué. Incapable d’écrire.
Méchante dualité qui me regarde m’enfuir.
Ça fait un mal inouï, je n’imaginais pas.
Me sentir incompris…
Mais ne même pas me comprendre moi. 
Il parait qu’on s’apaise et que cessent les questions. Que l’aiguille soulage et donne enfin sa dose, à la graine qui germe pendant que l’on explose.
Il paraît que la patience et la seule vertu à avoir. 
Que derrière les miroirs peuvent être nos alliés. 
Qu’en devenant nous-même on retrouve la décence,
Qu’enfin poussent les ailes pour apprendre à voler. 
Pourvu que ce soit vrai, qu’au fond du ciel trop lourd
Émerge Raphaël. Que dieu guérisse.
Et que ce soit mon tour.